N’êtes-vous pas plongé dans l’inconnu depuis votre naissance? Marin dans un océan d’infinies routes possibles?
VOUS ÊTES, NOUS SOMMES, EXPERTS DE l’INCONNU.
Alors, pourquoi en avoir peur?
EN MER, à bord de ma jonque, avant chaque départ, s’ouvrait face à moi l’HORIZON, INFINI.
L’océan nous fait face, immense, impressionnant, mer d’huile ou agitée, il est là, nous contemplant comme nous le contemplons. Appréhension et excitation.
Si nous avions connu par avance les aventures à venir, aurions-nous eu autant de plaisir à les vivre? Je pensais alors, tenant la barre de ma jonque, à tous ces navigateurs qui s’élançaient sur les mers, sans carte, et sans destination précise, juste pour dépasser le connu, curieux de ce qui se cachait derrière. Comme un enfant avide d’explorer son environnement.
Et nous voilà donc, devant l’inconnu. La surface de l’océan brille sous les rayons du soleil. Aucune trace de route, aucun panneau indicateur. Seule certitude, nous sommes là, sur le départ. Le sillage derrière nous a disparu.Même nos traces s’effacent…
Devant nous, un horizon infini s’ouvre. Incertitude malgré nos cartes où nous avons dessiné une hypothétique route.
OÙ ALLER?
Libres, nous choisissons une destination qui nous attire, et la meilleure route, la plus directe autant que possible. Oui, mais libres jusqu’à un certain point. Nous devions respecter les vents et les courants. Nous devions suivre le rythme de la Nature. Elle était notre maître, et non l’inverse.
Pour arriver à bon port, oui, nous devions connaître le rythme des vents et des courants, connaître les saisons, et nous « plier » à ce que la nature décidait. Humilité. Coopération. Entente profonde.
Nous avons dévié plusieurs fois. Au lieu des Açores dans l’Atlantique Nord, nous nous sommes retrouvés tout près de Terre Neuve, deux mois de mer sans escale. Ce n’était pas prévu dans notre programme. Nous pensions passer 3 semaines en mer, nous sommes restés deux mois, sans toucher terre, obligés de remonter vers Terre Neuve et ses eaux froides sans aucun équipement…
Et pourtant, quelle aventure fabuleuse.
Etions-nous en colère contre la météo? Après nos deux démâtages au Cap de Bonne Espérance, et les vagues géantes que nous avons du subir, nous aurions pu être en colère contre les vents contraires. Vous savez? Comme à Paris, quand il fait gris et que nous en voulons au ciel de nous cacher le soleil.
Au contraire ! J’étais admirative, fascinée, et surtout pleine de gratitude car nous avons failli mourir plusieurs fois. Mais la Nature ne l’a pas voulu ainsi. La Nature somptueuse et grandiose. Mais comment nous, êtres « humains », avons-nous pu croire que nous étions son maître? Comment, présomptueux que nous sommes, avons-nous pu penser que nous étions les plus forts?
A chaque instant en mer, malgré notre route décidée à l’avance, nous savions que tout était possible : une vague géante, une tempête, un calme plat durant 15 jours, une collision avec un de ces énormes cargos pour qui nous étions invisible, mais aussi la rencontre inopinée d’une baleine, d’un banc de dauphins. Ah, ce requin baleine à Madagascar… Ce n’était pas prévu non plus.
Pas prévisible. Tant mieux. L’inconnu, l’aventure.
Extrait des dernières lignes de mon livre : « Pour les yeux d’une jonque », éditions Glénat.
Peut-être qu’elles résonneront en vous aussi aujourd’hui.
« Je regarde Sao Mai (Etoile du Matin) et une petite voix me dit que notre voyage ne s’arrête pas là. D’escale en traversée, sur terre ou en mer, en bateau ou à pieds, au bout du monde ou au coin de la rue, chez soi ou ailleurs, nous continuerons à braver les tempêtes, à patienter dans les calmes plats, à courir dans les alizés. Des escales plus ou moins longues, des terres inconnues, des avaries… On répare, et on repart. Car un bateau qui n’avance pas est mort… «
Merci à tous les amis qui nous ont accompagnés et se sont relayés dans ce voyage, et merci à ceux qui nous ont soutenus de loin. Vous n’étiez pas marins, certains n’avaient jamais navigué, et pourtant. Nous avons réussi, ensemble.
Photo : Thomas Goisque.
Merci marielle pour ce sourire de vie, qui en appelle d’autres.
confinement c’ est cet instant pour soi, individuel, et c’est aussi la conscience que nous sommes une partie de la nature.
Bien à toi jfplaisant
Merci pour ta lecture, Jean-François ! Nous sommes d’accord, oui, le repli peut amener/pousser à des prises de conscience d’une grande importance.
Prends soin de toi, toi qui prends soin des autres aussi!